Le 14 novembre et la ville de Montauban sont une date et un lieu qui resteront gravés à jamais dans la mémoire de Laure BERTRAND qui vient décrocher son deuxième titre de championne de France après celui remporté sur 1500m à Miramas l’hiver dernier. Laure est parvenue à décrocher une à une ses adversaires dans les labours de l’hippodrome de Montauban pour s’adjuger le titre de championne de France junior de cross et par la même occasion, décrocher un ticket pour les championnats d’Europe qui se dérouleront à Dublin le 12 décembre.

L’EAPB compte désormais en ses rangs une double championne de France !!!!

Pour votre plus grand plaisir, Laure a accepté de répondre à nos questions

Quel était ton objectif au départ des championnats de France ?

Je suis rentrée des US pour les championnats de France avant tout pour tenter une sélection aux championnats d’Europe de cross-country dans la catégorie U20. C’est ma dernière année dans cette catégorie (le 1er janvier 2022, je passerai U23). Je me suis donc dit que c’était le bon moment, et en même temps, ma dernière chance pour tenter de me qualifier dans cette catégorie. Les modalités de sélection étaient 6 filles U20. Cependant, seulement les 4ère des Championnats de France obtenaient leur qualification directement et la FFA se laissait la liberté pour les 2 autres filles. Ainsi, en venant en France et au moment du départ, mon objectif était de finir dans le Top 4 (je savais que je n’aurais pas obtenu une qualification dans les 2 filles au « choix » de la FFA).

A quel moment t’es-tu rendue compte que tu étais la plus forte ?

Après 500m de course, j’avais réussi à intégrer le groupe de tête. Je suis restée un petit peu avec ce groupe et je me sentais vraiment bien dans ces allures. A la descente de la 1ere butte, j’ai dû modérer mon allure pour que les filles reforment le groupe avec moi. J’ai donc décidé de mener le groupe sur une allure convenable pour moi. Environ 1km après, au moment où nous sommes repassées sur la même butte, dans la descente le même scénario que lors du premier passage s’est produit. C’est donc là que je me suis dit « Maintenant attends pas et pars ! ». J’ai accéléré un peu. En voyant que les filles ne suivaient pas, j’ai compris que si je gérais bien mon effort et si je conservais cette allure, les filles n’allaient sûrement pas revenir.

Je sais que tu es venue de loin juste pour ces championnats, comment as-tu géré le voyage et le décalage horaire pour pouvoir courir dans de bonnes conditions ?

Effectivement, je suis revenue d’Indianapolis, aux USA, juste pour la course ! Pour l’histoire, j’ai cru ne jamais prendre le départ des France quand le jeudi 4h avant de prendre mon avion, j’ai appris que ce dernier était annulé ! Par chance, on m’a retrouvé un autre avion avec un changement très rapide ! Cela a été un bon moment de stress mais un soulagement quand je suis arrivée sur le sol français. J’ai atterri à Paris le vendredi matin puis à Toulouse le vendredi après-midi. Pour gérer le décalage horaire, j’ai surtout essayé de dormir au maximum dans les avions. Par chance, je ne suis pas très sensible au décalage horaire. En arrivant le vendredi soir, j’ai fait une bonne nuit et dès le samedi matin, je m’étais réhabituée à l’heure française. De plus, j’ai essayé de me reposer la journée du samedi !

Où est-ce que tu t’entraînes cette saison et pourquoi avoir fait ce choix ?

Depuis mi-août, j’ai fait le choix de partir étudier aux USA. Ce choix n’était pas uniquement sportif mais c’est aussi un choix personnel, un choix scolaire, culturel et linguistique. J’ai donc été en contact avec quelques universités américaines. J’avais plusieurs critères en tête avant de choisir mon université (localisation, type d’études, feeling avec les coachs…). Après avoir pesé le pour et le contre de chacune et après avoir été en contact avec les coachs, j’ai choisi d’intégrer Butler University à Indianapolis, dans l’Indiana. Je suis très contente, tout me plaît dans cette université ! J’ai intégré la team de l’université (nous sommes une quarantaine de filles et garçons) mais je m’entraîne plus particulièrement avec un groupe d’une dizaine de filles. Le niveau est très impressionnant et cela tire vers le haut !

Est-ce que les méthodes d’entraînement aux USA diffèrent beaucoup de celles en France ? Si oui, est-il facile de concilier ces deux types d’approche ?

Oui et Non !! La grosse différence ici, est le kilométrage par semaine. Nous courons beaucoup plus de kilomètres aux USA. Pour donner un ordre d’idée, en France je faisais environ 70-80km par semaine, ici je cours environ 105-110 km par semaine. Ensuite en ce qui concerne les entraînements, ce n’est pas si différent. Nous avons 2 séances par semaine (piste, tempo, spé cross…) comme on pourrait en avoir en France ; un « long run » par semaine (environ 22 à 25 km pour moi) ; le reste sont des « easy run », donc des footings de récupération (comme en France, juste un peu plus long). L’augmentation du kilométrage n’a pas été trop difficile car j’ai augmenté progressivement au cours des premières semaines. Maintenant, cela est devenu une habitude et je trouve ça normal !! Aimant déjà courir longtemps et de longues distances, ça n’a pas été trop difficile de m’habituer.

L’autre grande différence qui m’a demandé un peu plus de temps pour m’adapter est l’horaire des entraînements. Nous nous entraînons vers 7h-7h30 le matin. Il faut donc se coucher tôt pour avoir une quantité de sommeil suffisante. De plus, j’ai mis un peu de temps à trouver le type de snack qui me correspond pour éviter les douleurs d’estomac pendant les séances… Mais finalement maintenant, je préfère m’entraîner tôt le matin que le soir !

Avais-tu déjà réalisé des performances, cette saison, qui pouvaient laisser envisager le titre de championne de France ?

Cette année a été un peu particulière, je ne pense pas que mes performances pouvaient laisser imaginer un titre ! Certes, j’ai obtenu le titre de championne de France junior 1500m indoor en mars, cependant c’était une saison hivernale très particulière où seule une poignée de sportifs (listé sur liste ministérielle de haut niveau) avaient la chance de concourir. Ainsi, pour moi ce titre reste non égalitaire et pas très juste. Je ne peux pas dire si j’aurais obtenu ce titre, si toutes les filles avaient eu leur chance de courir (honnêtement je ne pense pas). Puis, j’ai malheureusement eu quelques petites blessures pendant la saison estivale ce qui ne m’a pas permis de courir, (j’ai seulement couru 2 mauvais 3000m en début de saison sur le début de mes blessures). Depuis, j’avais juste fait un petit cross en arrivant aux USA mais rien ne pouvant laisser envisager le titre. Ce qui me laissait espérer une bonne place aux championnats de France de cross était mes bonnes sensations sur mes entraînements depuis mon arrivée aux USA.

Maintenant que tu es qualifiée pour les championnats d’Europe, quels y seront tes objectifs ? Prendre de l’expérience au niveau international ? Une médaille ?

Alors pour les Championnats d’Europe de cross, mon principal objectif est de prendre un maximum de plaisir et d’apprendre de cette expérience. Mon objectif était d’obtenir cette qualification, maintenant que mon objectif est atteint, je n’ai pas vraiment d’objectif de place. Le niveau sera beaucoup plus élevé et je ne vise honnêtement pas de médaille. Je ne me mets pas de pression pour cette course et j’ai juste envie de donner mon maximum, pour le reste on verra !

Nous remercions Laure pour sa disponibilité et encore bravo championne !

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